Comment Clubhouse va faire faillite !

Estimé à un milliard de dollars, Clubhouse est le nouveau réseau social, qui fait fureur. Tous les médias en parlent, il est tellement à la mode que même les CEOs débordaient, comme Elon Musk ou Mark Zuckerberg ont pris du temps pour le rejoindre. Même Garyvee, le célèbre marketeur, ne jure plus que par Clubhouse.

  • « Je voulais juste savoir ton opinion sur Clubhouse ?
  • « J’en suis obsédé, je pense que c’est une très bonne plateforme, et ça m’embête beaucoup d’être aussi occupé, car une chose à propos de moi, Jesse, je produis tellement de contenu, c’est parce que j’ai produis une stratégie il y a 7 ans et j’ai construit une équipe qui me le permet. Je suis en rendez-vous quasiment 12h par jour, donc je n’ai ni le temps, ni la capacité, de faire comme j’ai fait de 2007 à 2011, à savoir passer mon temps sur Twitter, mais je te le dis maintenant, si je pourrais, je passerais tout mon temps à Clubhouse, construisant une communauté.

Certains prédisent que c’est le prochain gros investissement à faire, comme l’ont été Tesla, Google ou Apple, à une époque. On parle de multiplier ta mise initiale par 200, mais attendez une seconde, est-ce que le Clubhouse va vraiment réussir? Le marché est dur, les consommateurs changent d’avis en permanence, les choix des utilisateurs sont imprévisibles, sans oublier que l’application est encore en cours de développement, et pour couronner le tout, Clubhouse doit affronter des géants, présents depuis des années.

Dans cette vidéo, on va chercher à comprendre, comment fonctionne le Clubhouse, pour savoir si ça vaudrait vraiment le coup d’y investir ou non, et à la fin, je vous dévoilerai, si oui ou non, je compte investir dedans. Si vous êtes investisseur, vous allez mieux comprendre comment investir votre argent, pour vous assurer des gros retours sur investissement, et si vous êtes juste curieux, vous allez comprendre comment les applications que vous utilisez au quotidien, influencent vos choix pour gagner des milliards.

Tout d’abord Clubhouse c’est quoi? Imaginez une application qui vous permet d’écouter des personnalités que vous admirez, discuter entre eux des sujets qui vous intéressent. Voici Clubhouse. Pas des stories, pas de messages, pas de vidéos, uniquement des conversations au format audio. Ces conversations prennent place, dans ce que l’application appelle des rooms, que vous pouvez rejoindre en cliquant dessus. Mais des applications audio, il en existe plusieurs. Qu’est-ce qui rend Clubhouse différent?

Eh bien, contrairement à ce petit file, ou vous ne faites qu’écouter, ici, vous pouvez interagir directement avec les intervenants, en cliquant sur l’icône « Lever la main ». S’ils le souhaitent, les intervenants peuvent vous faire monter sur scène, pour que vous posiez votre question, à toutes les personnes qui sont présentes. Mais cette différenciation ne suffit pas à expliquer leur succès.

Pour vraiment marquer les esprits, il faut développer une image de marque, une image de marque, prenons un exemple, Apple, quand vous achetez chez Apple, vous n’achetez pas un téléphone, vous achetez un iPhone, c’est ça une image de marque, c’est créer une identité autour de vos produits, à laquelle les gens peuvent se rattacher. Pour Apple, l’identité, c’est de penser différemment, d’être un créatif, et pour Clubhouse, l’image qu’ils ont choisi, c’est de se mettre du côté des oppressés, en donnant une voix à tout le monde.

Durant son lancement, de nombreuses personnalités noires, sont apparues sur l’application, comme Oprah Winfrey, Drake ou Kevin Hart. Grâce à ça, l’application se place immédiatement, comme un soutien au mouvement Black Lives Matter. Est-ce par sympathie pour les populations minoritaires, qu’ils ont fait ça, ou par simple stratégie marketing, on ne pourra jamais le savoir, mais le résultat est là, Clubhouse apparaît comme authentique, et met l’aspect communautaire, au centre de ses fonctionnalités, mais apparaître comme gentil, ne sert à rien si personne ne vous connaît. La vraie question, c’est comment Clubhouse est devenu aussi connu, en moins d’un an ?

Pour réussir, tout réseau social a besoin de clients. Pour acquérir ses clients, les entreprises possèdent des systèmes d’acquisition, c’est à dire des canaux, par lesquels ils vont se faire connaître. Par exemple, la publicité Facebook, les panneaux publicitaires dans la rue, ou encore, les vidéos YouTube. Plus ces systèmes d’acquisition sont efficaces, plus l’application va être populaire. Et le but premier de tout réseau social, c’est de maximiser son nombre d’utilisateurs, tout simplement parce que plus il y a de monde sur un réseau social, plus on va se dire que ça vaut le coup d’y être, et plus on aura envie de s’y inscrire. Ce phénomène s’appelle l’effet de foule, ou l’effet de réseau. C’est pour ça que c’est très difficile de lancer un réseau social, parce que pour que ça vaille le coup de s’inscrire dessus, il faut qu’il y ait déjà tous vos amis.

Comme il n’y a personne dessus au début, eh bien, on n’a pas du tout envie d’y aller, mais par contre, quand la machine est lancée, elle devient inarrêtable, on assiste alors à des croissances exponentielles. C’est pour ça que chaque réseau social va chercher à acquérir le plus d’utilisateurs possible, le plus rapidement possible, mais pas Clubhouse. L’application a pris un énorme risque, au lieu de laisser la porte grande ouverte à tous, elle a placé des videurs à l’entrée, pour ne laisser entrer que quelques privilégiés, par un système d’invitations.

Le seul moyen que vous avez pour accéder à Clubhouse, c’est de recevoir l’invitation d’un membre existant, et une fois que l’on est rentré, on peut à notre tour, inviter deux personnes de notre entourage. Cette stratégie est très risquée, mais bien exécutée, elle peut être redoutablement efficace, grâce à un principe de persuasion, l’effet de rareté.

Pour comprendre ce que c’est, prenons cette étude présente dans le bestseller, « Influence et manipulation » de Robert Cialdini. Des enfants âgés d’environ 24 mois, étaient placés dans une pièce, dans laquelle se trouvaient deux jouets identiques. La seule différence entre les deux jouets, c’est que l’un des deux, se trouve derrière une vitre en plexiglas de 60 cm de haut, et l’autre jouet est directement accessible. Résultat – trois fois plus d’enfants choisissent le jouet le plus dur à atteindre.

Ce que cette expérience nous apprend, c’est que plus quelque chose est difficile à atteindre, plus il est désirable, et c’est exactement la même chose pour Clubhouse. Comme on ne peut pas être dessus, on a encore plus envie d’être dessus. Mais bien sûr, l’application ne peut pas se contenter d’interdire les nouveaux membres, sinon la croissance serait nulle, elle doit forcer les nouveaux arrivants, à inviter deux amis. Comment? En jouant sur l’égo. Sur notre profil, tout le monde peut voir le nombre de personnes que l’on a invités, du coup, plus on invite de gens, plus on est haut dans la hiérarchie, plus on est populaire. Avec ce système, Clubhouse s’assure de faire rentrer de plus en plus de personnes, de les fidéliser et de les rendre accros.

Mais le vrai objectif de toutes applications, c’est de créer une habitude d’utilisation, chez le consommateur. Exemple vous êtes dans une file d’attente et vous vous ennuyez, vous ouvrez Facebook. Comment faire pour arriver à ce résultat? L’application se base sur un modèle très célèbre en quatre étapes, présenté par Nir Eyal, dans son livre « Hooked ». Voici comment fonctionne ce modèle.

Premièrement, il y a le déclencheur. Le déclencheur, c’est le signal qui va rappeler aux clients, d’utiliser l’application. Les déclencheurs les plus faciles à mettre en place, sont les déclencheurs externes, par exemple les notifications. Mais le plus puissant des déclencheurs, c’est le déclencheur interne, c’est à dire les émotions. C’est ce qu’il se passe avec les applications addictives. Vous vous ennuyez, donc, vous ouvrez l’application et c’est là qu’on arrive à l’étape 2.

Deuxièmement, l’action. L’application doit pousser l’utilisateur à agir, pour cela, l’action doit être la plus simple possible. Il existe six façons de faciliter une action

1 – Réduire le temps que l’on met à la faire

2 – Rendre l’action gratuite ou moins chère

3 – Rendre l’action acceptable socialement

4 – Réduire la dépense physique liée à l’action

5 – Réduire la dépense mentale liée à l’action

6 – Et enfin, faire que cette action s’intègre facilement dans notre routine quotidienne.

Plus votre action est simple, plus l’utilisateur a des chances de la faire, et plus il a de chances d’arriver à la troisième étape du modèle.

Troisièmement, la récompense. Pour qu’une application soit addictive, elle doit être plaisante à utiliser, et le meilleur moyen de rendre une application plaisante, c’est d’avoir une récompense, par exemple pour un réseau social, la récompense, ce sera le divertissement. Mais comment augmenter le plaisir lié à la récompense? BF Skinner, dans son expérience la plus célèbre, a démontré, que pour qu’un pigeon devienne addict à une récompense, il faut rendre cette récompense aléatoire. C’est pour ça que les joueurs de Casino deviennent addicts. Comme le gain est aléatoire, ils veulent recommencer encore et encore, et devinez quoi, tous les réseaux sociaux utilisent ce même système.

Quand on ouvre Instagram, on ne sait pas combien de like notre dernière photo va avoir. Quand on ouvre YouTube, on ne sait pas quelle vidéo l’algorithme va nous recommander, etc, etc. Mais pour vous assurer de rendre l’utilisateur addict, il existe une quatrième étape.

Quatrièmement, l’investissement. Pour qu’un service nous rende addict, nous devons nous investir dedans. Il va exister plusieurs moyens d’investir dans une application, comme par exemple en mettant de l’argent dedans. Mais l’investissement que cherchent les réseaux sociaux, ce n’est pas l’argent, mais le temps. Plus on passe de temps sur une application, plus on va se dire que c’est une bonne application, et plus on aura envie de passer du temps dessus. C’est un principe de persuasion, appelé « principe de cohérence ».

Nous avons tendance à être cohérents avec nos comportements passés, cela nous fait revenir sur l’application encore et toujours. C’est en suivant ce modèle, que des produits lambda deviennent des produits addictifs. Mais du coup, comment Clubhouse applique-t-il le modèle Hooked? Comme n’importe quelle application, le déclencheur de Clubhouse, c’est les notifications, puis, une fois que l’habitude est installée, le déclencheur sera l’ennui, jusque-là, rien de nouveau.

Mais pour ce qui est de l’action, ça devient plus intéressant, quand on arrive sur Clubhouse pour la première fois, l’application nous incite à suivre des personnes que l’on apprécie. Cette action est simple, ce qui fait que beaucoup d’utilisateurs la réalisent sans difficulté, et dès que cette action est faite, on obtient une récompense, à savoir écouter des conversations de ces personnes qui nous intéressent, et ce qui est génial avec ce système, c’est qu’une conversation, c’est par définition aléatoire. Quand on clique sur une room, on ne sait pas de quel sujet ils vont discuter, ce qui maximise notre plaisir, de cliquer pour le découvrir, et forcément, quand on écoute une conversation, on a envie de l’écouter encore un peu plus, et encore un peu plus.

Résultat – on investit du temps dans l’application. Mais comment se fait-il qu’on y passe autant de temps? En fait, l’application exploite un biais bien connu des marketeurs, qui s’appelle la FOMO, la « fear of missing out », ce qui veut dire littéralement, la peur de louper quelque chose. Quand on est sur l’application, comme tout est en direct, eh bien, on a peur de rater quelque chose si on s’en va, on a envie de rester. Mais ce n’est pas tout, Clubhouse profite également de l’effet de voyeurisme, quand on arrive dans une conversation, c’est plaisant d’écouter ce qu’il se dit, sans forcément participer à la conversation.

 

C’est la même chose quand vous êtes dans un bus, et que deux personnes à côté de vous discutent, vous vous mettez à les écouter, c’est plus fort que vous, en plus, avec le covid, qui correspond au lancement de l’application Clubhouse, les gens se sont retrouvés isolés. Ils n’ont plus de moyen de voir des collègues et de discuter avec des amis, ils ont ce besoin de conversations, que l’application résout. Ce combo explosif, fait que l’application attire à elle, une communauté engagée, qui grossit chaque jour, mais est-ce que cette popularité suffit, à la rendre rentable?

Le critère de survie de toute entreprise est simple, l’argent. Si une entreprise gagne plus d’argent qu’elle n’en dépense, elle est en croissance. Si une entreprise dépense plus d’argent qu’elle n’en gagne, elle est en décroissance. Le jour où il n’y a plus d’argent, l’entreprise fait faillite. Donc, le seul critère important, pour tout investisseur aguerri, c’est de savoir si l’entreprise gagne de l’argent, ou perd de l’argent. Mais comment une entreprise génère de l’argent, grâce à un business model ? Un business model, c’est le modèle qui permet à une entreprise de créer, délivrer et recevoir de la valeur, mais vous vous en doutez, ce modèle est complexe et il ne tombe pas du ciel.

En fait, pour créer leur business model, les entreprises utilisent souvent le « canva business model ». C’est un document créé par Alex Osterwalder, qui ressemble à ça. Vous complétez les cases et avec ce document, vous pouvez voir apparaître la stratégie de votre business. Avec un bon business model, l’entreprise s’assure de faire rentrer de l’argent, donc d’être en croissance et donc de réussir. Mais j’ai une question pour vous. Pensez-vous qu’un succès phénoménal et rapide, assure la réussite d’une startup? La réponse, c’est non. Vous m’avez bien entendu, c’est même l’inverse.

Une cause majeure d’échec des startups, c’est l’hyper croissance. Pour comprendre, imaginez une Ferrari rouge flambant neuve, cette Ferrari c’est l’entreprise, dans la Ferrari, il y a le pilote qui représente le patron de la boîte. L’Hyper croissance, ça reviendrait à avoir cette Ferrari, qui dévale à 300 km heure une montagne, le bolide va être difficile à contrôler, et ce, pour deux raisons. Tout d’abord, il y a la pression interne, c’est ce que ressent le pilote. Un pilote distrait, c’est un pilote qui finit dans le ravin, mais en tant que patron, vous conduisez une Ferrari, c’est la classe. Imaginez que vous vous lever le matin et vous êtes le patron d’une boîte, estimée à un milliard de dollars. Ça fait des mois, que tout le monde parle de vous, comme étant le prochain Mark Zuckerberg, et les résultats tout autour de vous sont très positifs, il y a de quoi se dire, ah ouais, je suis le meilleur, je suis un Dieu, il ne peut rien m’arriver. Vous êtes moins vigilant et plus audacieux, résultat – vous faites plus d’erreurs.

Mais le souci, c’est que vous êtes au volant d’une Ferrari, qui roule à 300 km/h, chaque petite erreur, c’est un tout petit coup de volant, mais le moindre petit coup de volant, assez de vitesse, peut suffire à vous envoyer dans le ravin. Sauf qu’en tant que CEO, vous ne voulez pas tout perdre, vous avez peur de tout perdre, vous avez mis du temps à construire tout ça. Du coup, vous avez encore plus la pression, et vous faites encore plus d’erreurs, et vous vous mettez à perdre de l’argent encore et encore. Jusqu’au jour où vous recevez un appel de votre banquier, qui vous annonce que vous avez fait faillite, échec et mat. Tout ça parce que vous avez eu une mauvaise gestion de l’argent, en interne. C’est comme ça que le géant Myspace, après un succès phénoménal, s’est mis à dépenser 800.000 dollars par mois, rien qu’en frais d’avocats qui, au final, n’ont fait que précipiter la faillite. Mais heureusement, tous les patrons ne prennent pas la grosse tête, certaines startups, ont su gérer cette pression en interne, qui ne dépend que d’elle, pourtant, cela ne suffit pas.

En plus de la pression interne, vous devez affronter la pression externe. Pour reprendre notre métaphore avec la Ferrari, la pression externe, c’est tous les éléments extérieurs à votre environnement, qui vont venir perturber votre route, comme le vent, les cailloux, ou encore la gentille biche, qui s’invite jusque sur votre chemin. Cette pression externe, se caractérise par trois éléments importants. Le premier point essentiel pour tout réseau social, c’est les utilisateurs. Quand personne ne vous connaît, la moindre erreur n’est pas un problème, puisque personne ne vous connaît. Mais quand vous devenez énorme, la moindre erreur va créer une énorme vague de colère. Imaginez demain, si Netflix annonce, que son service ne sera plus accessible pendant un mois entier, à cause d’un bug ou d’une panne en interne, les réactions risquent d’être bruyantes.

Mais ce n’est pas tout, sur Internet, c’est bien connu, le négatif pousse au clic. Ce qui veut dire, qu’il est bien plus intéressant pour les médias, d’amplifier au maximum la moindre petite erreur du réseau social, plutôt que de faire les louanges, de la dernière fonctionnalité de l’application. Et quand bien même l’application arrive à gérer la colère des utilisateurs, et la haine des médias, il reste un autre ennemi, l’ennui.

Dans notre monde, il y a de plus en plus de distractions. La conséquence de ça, c’est que les utilisateurs sont de moins en moins patients. Il suffit qu’ils s’ennuient quelques secondes, pour désinstaller l’application, que les créateurs ont mis des mois à mettre sur pied. Mais ces utilisateurs, ils doivent bien aller quelque part, et ce quelque part, c’est les concurrents. Et oui, si vous avez du succès, d’autres vont vouloir vous copier, et forcément, les gros poissons de ce marché, n’auront pas grand mal à vous écraser.

Prenons l’exemple au hasard de Facebook. Quand Snapchat a sorti sa nouvelle fonctionnalité, les Stories, ils ont eu un succès fou. Génial, vous me direz, eh bien oui, tellement génial, que Facebook ne s’est pas gêné pour copier-coller la fonctionnalité, et l’intégrer immédiatement sur Instagram. Résultat – le nombre d’utilisateurs de Snapchat n’a pas arrêté de chuter, jour après jour. C’est la même chose pour notre Ferrari, à force de rouler trop vite, une biche risque de se mettre en travers de son chemin, resultat – la Ferrari se transforme en un tas de ferraille enflammée, dont on n’entendra plus jamais parler. Mais du coup, comment Clubhouse gère-t-il l’hyper croissance?

Comme on a vu, le système d’acquisition de Clubhouse est basé sur l’invitation. Grâce à ça, l’application ralentit le nombre de nouveaux abonnés, ce qui ralentit sa croissance. On pourrait penser que ce système suffit à gérer l’hyper croissance, mais en fait, cette solution, ça revient à mettre un bout de scotch sur le trou d’un bateau, sur le long terme, il va y avoir des conséquences et d’autres problèmes. A vrai dire, la boîte fait face à trois gros problèmes.

Le premier problème, c’est que les utilisateurs se lassent, et plus rapidement que ce que l’on pourrait penser. Notre cerveau, met 7 secondes à s’ennuyer, 7 secondes, c’est très peu. Pour parer à ça, les applications mettent à disposition des utilisateurs du contenu très distrayant, très rapidement. Par exemple, en lançant Facebook, des posts apparaissent immédiatement à l’écran, pareil sur Instagram, où dès que vous ouvrez l’application, vous avez la dernière photo. Mais sur Clubhouse, tout est en live. Du coup, cela prend du temps de trouver un contenu distrayant, il faut se connecter sur l’appli, scroller dans les différentes rooms, cliquer sur une room qui nous intéresse, commencer à écouter la conversation pour comprendre de quoi ils parlent, et ensuite seulement, estimer si c’est intéressant. Tout cela prend beaucoup plus que 7 secondes.

Vous pourriez me rétorquer, qu’il existe des plateformes en live, qui fonctionnent très bien, comme Twitch effectivement, mais Twitch a trois grosses différences avec Clubhouse. Premièrement, un streamer moyen va être en live pendant 40 heures sur Twitch, contre seulement 3 heures en moyenne sur Clubhouse. Il y a donc beaucoup plus de contenu.

Deuxièmement, sur Twitch, on n’a pas besoin d’être là dès le début du live. Comme c’est un jeu vidéo, on voit tout de suite à l’écran, ce qui se passe, et où il en est. Si on prend une conversation en cours sur Clubhouse, c’est plus compliqué de comprendre, si on n’a pas entendu le début de la conversation, on est complètement perdu.

Et troisième point, Twitch ne vise que les gamers. Quand on se connecte sur la plateforme, on sait donc parfaitement ce que l’on vient rechercher, alors que sur Clubhouse, c’est généraliste, il y a de tout, et du coup, Clubhouse est obligé d’avoir en permanence des choses intéressantes, sur tous les sujets à la fois, comme comment faire un cake à la framboise, et comment investir dans les crypto monnaies. Résultat la Hype autour de l’appli, est en train de baisser, jour après jour. Et s’il n’y avait que ça, ça irait, mais le succès de Clubhouse n’est pas passé inaperçu, et forcément, le succès, ça crée des jaloux et des envieux.

Oussama Ammar, l’un des trois cofondateurs de The Family, a un concept très intéressant, « La fausse bonne idée », voilà ce qui l’explique. Il existe trois types de startups, les startups qui semblent avoir une bonne idée et qui ont effectivement une bonne idée, les startups qui semblent avoir une mauvaise idée et qui ont effectivement une mauvaise idée, et enfin, les startups qui ont une bonne idée, mais qui, au départ, semble être une mauvaise idée.

Par exemple, payer pour qu’un inconnu vous envoie des livres directement chez vous, ça paraissait complètement bizarre, il y a 26 ans. Pourtant, c’est comme ça qu’Amazon a démarré. Et vous vous en doutez, selon Oussama, le seul moyen pour qu’une startup réussisse, c’est de se trouver dans la troisième catégorie. Parce qu’une startup qui a une bonne idée, qui semble bonne dès le départ, se fera tout simplement copier et écraser, par les géants déjà établis du marché, et la startup qui a une mauvaise idée, qui semble être une mauvaise idée, va simplement échouer.

Mais quand une startup a une bonne idée, qui semble être une mauvaise idée, ça devient intéressant parce que personne ne va les copier, les gens vont regarder cette startup en se disant, ça ne marchera jamais leur truc. Grâce à ça, la startup a du temps pour se développer, jusqu’à atteindre l’hyper croissance.

Alors vous pouvez rétorquer, ok, mais une fois qu’elle est grosse, elle va se faire copier, pas vrai ? Effectivement. Et pour parer à ça, la startup doit créer ce qu’il s’appelle, une douve économique. La douve économique, c’est un concept inventé par Warren Buffett. Cela consiste à créer un avantage compétitif, difficilement réplicable par les concurrents, d’où le concept de douve. C’est ce que j’appelle l’unfair advantage.

Par exemple, Apple possède une douve économique, parce qu’ils ont créé une image de marque unique. Lidl possède une douve économique, parce qu’ils ont des prix plus bas que tous les concurrents. Le boucher en bas de chez vous, possède une douve économique, parce qu’il est le plus proche de vous, et le seul accessible à pied. Grâce à cette douve, les startups peuvent se protéger de leurs concurrents directs, et continuer à prospérer.

Et Clubhouse dans tout ça, eh bien l’application n’a absolument aucune douve économique. Encore pire, elle fait partie de la première catégorie d’idées, c’est à dire une bonne idée, qui a tout l’air d’être une bonne idée. La conséquence, c’est que les concurrents arrivent et là, on ne parle pas du boucher de votre rue, on parle des plus grands géants technologiques.

Facebook a déjà annoncé qu’il voulait faire une plateforme similaire à Clubhouse. Pire encore, Twitter a déjà lancé une fonctionnalité concurrente, qui s’appelle Spaces et qui, selon certains utilisateurs, est plus agréable à utiliser. Résultat – les utilisateurs s’en vont chez les concurrents, et la courbe d’abonnés descend encore et encore. Certes, on pourrait imaginer un monde, où club house réussi face aux géants Facebook et Twitter, comme David contre Goliath, mais même si cela arrivait, à l’heure actuelle, Clubhouse est condamné à faire faillite, et ça, à cause de son plus gros problème.

Une boîte digitale, a 7 moyens de monétiser son audience. Le modèle VIP où l’utilisateur paye pour obtenir du contenu supplémentaire, en plus du contenu gratuit. Ce modèle se sépare en deux sous catégories, soit l’utilisateur paye directement à la plateforme comme avec YouTube Premium, soit l’utilisateur paye directement au créateur, comme avec Patreon.

Les plateformes de e-commerce comme Shopify, où un utilisateur vend un produit et la plateforme récupère une commission. Les plateformes qui permettent de consommer du contenu en live, comme un webinaire ou un concert payant, un exemple de boîte qui fait ça, c’est le webinarjam. Les plateformes d’abonnements, où vous devez payer pour avoir accès aux contenus, comme par exemple Netflix. Les plateformes avec des bonus payants, qu’on appelle également les plateformes freemium comme Fortnite ou League Legends, les plateformes de donations, l’utilisateur peut choisir de donner lorsqu’il consomme du contenu gratuit, comme Tik Tok ou Twitch. Et enfin, le modèle le plus connu de tous, la publicité où la plateforme fait payer des annonceurs, pour diffuser des publicités inclues dans son contenu, bien sûr, les exemples sont YouTube et Facebook.

À votre avis, où se situe Clubhouse parmi ses sept possibilités? La réponse, c’est aucun des sept. À l’heure actuelle, Clubhouse ne monétise pas son audience, ou plutôt, il ne peut pas monétiser son audience. Le moyen de monétisation le plus courant pour un réseau social, c’est la publicité. Mais Clubhouse ne le fait pas, et ce, pour deux raisons. D’abord, ils ne veulent pas, car leur objectif, c’est d’optimiser l’expérience utilisateur, et la publicité ce n’est jamais terrible comme expérience utilisateur. Imaginez, vous êtes en pleine conversation avec vos amis, et tout d’un coup, une publicité se lance dans vos écouteurs, pour le dernier shampoing, et coupe court à votre conversation. Comme expérience utilisateur, ce n’est pas tip top, mais quand bien même ils feraient le choix de passer par un modèle de publicité, cela serait très compliqué pour eux. Pourquoi?

Pour qu’un modèle de publicité fasse sens, il faut que les annonceurs aient un intérêt à placer leurs publicités sur votre application, et cet intérêt, il vient du goût des utilisateurs que l’on peut cibler. Prenons Facebook, par exemple, la plateforme connaît très, très bien vos intérêts et vos goûts, grâce aux pages que vous suivez, aux vidéos que vous regardez, aux posts avec lesquelles vous interagissez. En fonction de ses résultats, Facebook va vous classer dans des catégories que les annonceurs vont pouvoir utiliser, pour cibler leur audience. Par exemple, cette personnes aiment lire, cette personne aime les objets technologiques, cette personne aime voyager, etc. Ainsi, les annonceurs sont heureux, parce qu’ils peuvent avoir un ciblage précis. Ça ne sert à rien de faire une pub de voyages, sur quelqu’un qui n’aime pas voyager. Les bibliothèques vont pouvoir cibler les fans de livres, et les agences de voyages vont pouvoir cibler les fans de voyage. Alors d’accord. Je ne suis pas sûr que les bibliothèques s’intéressent beaucoup à la publicité Facebook, mais vous avez compris le principe.

Plus la plateforme a de l’information sur vous, plus elle peut faire payer cher la publicité, parce que cette publicité va être précise et rentable pour l’annonceur, c’est ce qui explique le succès du modèle publicitaire de Facebook. Mais pour ça, vous l’avez compris, il faut que la plateforme, elle ait des informations sur vous. Hors, sur Clubhouse, tout est en audio, et comment on fait pour analyser du contenu audio? La réponse, c’est qu’on ne peut pas le faire. Personne ne sait le faire, et Clubhouse non plus. Du coup, ils doivent choisir un autre modèle.

Dans une interview, les cofondateurs de Clubhouse expliquent qu’il voudraient mettre en place un système de monétisation, proche de celui de Patreon, c’est à dire que les utilisateurs pourraient donner de l’argent à leurs créateurs de contenu préféré, et que la plateforme récupérerait une commission. Et effectivement, cela pourrait être une bonne idée, cela permettrait de maintenir une bonne expérience utilisateur, et d’inciter les créateurs de contenus à créer toujours plus pour être rémunérés.

Mais évidemment, est ce qu’un concurrent comme Facebook n’aurait pas intérêt à proposer la même chose, entièrement gratuitement, pour tuer Club House? A l’heure actuelle, les chiffres sont là, Clubhouse vaut un milliard, alors qu’il n’a même pas généré un dollar de revenus. Et maintenant, la question qui fâche, est-ce que vous seriez prêt à prêter de l’argent, à quelqu’un qui n’a aucune garantie de pouvoir vous les rembourser ?

Comme on l’a vu, le seul et unique critère qui définit la survie d’une startup, c’est est-ce que, oui ou non, cette startup est capable de faire rentrer plus d’argent qu’elle n’en dépense? Hors, à l’heure actuelle, Clubhouse ne génère pas d’argent, ce qui veut dire que pour le moment, ils sont en décroissance. En plus de ça, l’application fait face à de gros problèmes, comme les utilisateurs qui commencent à se lasser, et les concurrents qui débarquent. C’est pour ça que, tant qu’ils n’auront pas un modèle économique stable, je n’investirais pas dans Clubhouse.

Mais par contre, s’ils arrivent à générer de l’argent, là, ça pourrait devenir beaucoup plus intéressant. On peut penser à Airbnb, ou Uber, qui est un modèle qui génère de l’argent depuis le début, et qui ne font que grossir depuis des années et des années, pour passer du statut de petite startup de la Silicon Valley, à géant mondial dans leur secteur. Le problème, c’est que ces petites startups ne sont pas accessibles aux investisseurs moyens, et qu’il est impossible d’investir quand la boite est petite, avant qu’elle devienne géante, et que donc la création de valeur, lorsque cette boite passe de petite startup à géant de son industrie. Cette création de valeur, elle est réservée à des investisseurs de la Silicon Valley, un petit milieu de fonds d’investissement, et c’est pour ça que j’ai créé Leonis Investissement.

Leonis Investissement, c’est un club privé, qui te permet d’investir à partir de seulement quelques milliers d’euros, dans toutes petites startups de la Silicon Valley qui sont accessibles nulle part ailleurs, et qui sont déjà en hyper croissance, avant qu’elles ne deviennent les géants de l’industrie de demain. Si ça t’intéresse de rejoindre le club privé Leonis Investissement et d’investir dans les startups, dans lesquelles j’investis mon propre argent personnel, aux côtés de plusieurs centaines de membres, eh bien, tu peux rejoindre le club, le lien est juste en dessous, dans la description.